http://www.lefigaro.fr
Mis à jour le 12/10/2011 à 09:18 | publié le 10/10/2011 à 18:46 Par Yann Le Galès
Malgré le tassement des vocations, nos compatriotes vont créer 500.000 entreprises cette année.
Les Français continuent de créer des entreprises. «Nous devrions atteindre 500.000 créations cette année dont 300.000 autoentrepreneurs. Cela traduit un certain optimisme par rapport à une conjoncture économique difficile», explique Alain Belais, directeur général de l’Agence pour la création d’entreprises (APCE).
Selon l’Insee, 364.891 nouvelles entreprises ont vu le jour entre janvier et fin août. Une création sur deux est une autoentreprise. À Paris, 22.053 nouvelles sociétés ont été immatriculées.
Les nouveaux entrepreneurs sont aussi bien des hommes que des femmes, des quinquagénaires contraints de trouver un nouveau souffle que des jeunes peu tentés par le salariat. Selon un sondage Ifop pour CCI Entreprendre, 52% des jeunes de moins de 25 ans ont envie de créer leur société. Selon l’APCE, 78.000 de moins de 30 ans se sont lancés dans cette aventure en 2008, dont 30.000 de moins de 25 ans malgré les difficultés. 65% des jeunes qui démarrent le font sans crédit bancaire. Plus d’un sur deux avec moins de 8 000 euros. Le changement est spectaculaire par rapport à 2001, quand la France ne recensait qu’un peu plus de 200.000 créations.
Toutefois, les chiffres pour les huit premiers mois de cette année sont en recul de 10% par rapport à la même période de l’année dernière. Le bilan 2011 sera donc en baisse par rapport à 2010 qui fut une année historique avec 622.000 créations, grâce au formidable engouement pour le régime de l’autoentrepreneur mis en place le 1er janvier 2009. Les autoentrepreneurs ont représenté 58% des nouveaux créateurs l’année dernière.
Mais les Français sont moins nombreux à se laisser tenter. Le nombre de nouveaux autoentrepreneurs ralentit depuis le début de l’année. «Le tassement est assez naturel. Ce régime a atteint son rythme de croisière après une progression exceptionnelle. Ceux qui restent autoentrepreneurs et ceux qui choisissent ce régime ont pris la mesure de leurs engagements. Ils sont là pour durer», affirme Alain Belais.
Les Français ont découvert les contraintes de ce statut. Il permet d’avoir une deuxième activité et de tester une idée. Il existe des plafonds de chiffre d’affaires annuels : 81.500 euros dans le commerce; 32.600 euros dans les services. Soucieux d’apaiser les artisans qui dénoncent leur concurrence déloyale, le gouvernement a imposé de nouvelles obligations aux autoentrepreneurs.
Depuis le 1er janvier 2011, ils paient une certaine somme pour la formation professionnelle. Ils doivent déclarer leur chiffre d’affaires même s’ils n’ont pas réalisé d’activité. Sur les 738.351 autoentrepreneurs déclarés, seulement 277.000 ont été actifs au deuxième trimestre. Ils ont réalisé un chiffre d’affaires d’un milliard. 287.600 ont été actifs au premier trimestre et ont réalisé 963 millions de chiffre d’affaires. En 2010, les 383.000 autoentrepreneurs actifs ont déclaré un chiffre d’affaires de 3,2 milliards. Soit un montant moyen annuel de 8 310 euros par personne. En 2009, ils étaient 162.100 à avoir réalisé un milliard de chiffre d’affaires. Soit 6 294 euros par personne. Le succès de l’autoentrepreneur n’a toutefois pas freiné l’appétit des Français pour le statut de travailleur indépendant. Selon les chiffres publiés fin septembre par l’Acoss, 621.000 personnes ont choisi ce statut depuis le 1er janvier 2009.
Trouver les bons financements
Cet engouement pour la création d’entreprise s’explique par les nombreuses réformes menées depuis plusieurs années pour simplifier les démarches administratives. Les réseaux qui accompagnent les nouveaux entrepreneurs pour les aider à monter un dossier ou à faire grandir leur entreprise jouent également un rôle clé. Les chambres de commerce sont très actives. Le réseau Entreprendre s’appuie sur la compétence bénévole de chefs d’entreprise. France Active a financé 6 700 projets en 2010.
Leur grande force est d’aider les créateurs à obtenir des financements bancaires qu’ils auraient eu bien du mal à décrocher seuls faute de savoir construire des dossier solides. Les chômeurs ne sont pas oubliés. L’Adie, qui est le numéro un du microcrédit en France, vient de lancer un fonds de prêts d’honneur pour les jeunes en difficultés. Lafarge, la Caisse des dépôts, Laser et d’autres le financent. Mais la passion française pour l’entreprise a ses limites. La plupart des créations se font sans salarié. En 2010, cette proportion atteignait 95%. Et les sociétés qui se lançaient avec au moins un salarié avaient en moyenne trois salariés. Il est vrai que diriger une très petite entreprise ou une microentreprise employant moins de 10 salariés et réalisant au maximum 2 millions d’euros de chiffre d’affaires reste une aventure risquée pour une raison simple : leurs dirigeants ont du mal à trouver des financements bancaires.